Journée d’Étude: «Explorer les politiques de mémoire: Quels usages contemporains du passé ?



La journée s’est ouverte par les mots de bienvenue de Jean-François Polo, recteur adjoint de l’Université Galatasaray, suivis de ceux de Julie Alev Dilmaç, enseignante-chercheuse au sein du département de sociologie, qui s’est exprimée au nom du comité d’organisation. La conférence inaugurale a ensuite été assurée par Sümbül Kaya, de l’Université de Lyon, autour de la fabrique de la mémoire, avec une attention particulière portée au cas turc.
Tout au long de la journée, les interventions ont permis de croiser une grande diversité de terrains et de perspectives. Plusieurs communications ont porté sur les méthodes d’enquête mobilisées pour travailler sur la mémoire, et sur les défis qu’elles soulèvent, aussi bien sur le plan épistémologique que dans la relation au terrain. D’autres ont exploré les dispositifs mémoriels mis en place par les institutions étatiques, à travers des exemples issus du Brésil ou de l’Albanie, montrant comment les constructions officielles du passé s’ancrent dans des contextes politiques précis.
Les récits plus personnels ont également occupé une place importante, notamment ceux qui mettent en lumière les tensions entre mémoire individuelle et mémoire collective, ou encore les formes d’oubli et de silence imposées ou choisies. On a pu entendre, à ce sujet, des analyses sensibles portant sur des figures féminines ou des trajectoires marquées par la violence et l’effacement.


Enfin, plusieurs interventions se sont attachées à examiner les mobilisations mémorielles contemporaines, ces formes de résistance ou de réappropriation du passé qui se déploient souvent en marge des récits dominants. Qu’il s’agisse de commémorations alternatives, d’usages militants des lieux de mémoire ou encore d’initiatives culturelles ancrées dans l’espace urbain, toutes ont mis en lumière la richesse des formes par lesquelles les individus et les collectifs donnent sens à leur rapport au passé.
La conférence a été ponctuée de nombreux exemples géographiques, les intervenant·e·s abordant des cas issus de la France, du Cameroun, du Brésil, de l’Albanie, de l’Espagne, du Maroc, mais aussi de la Turquie, à l’exemple du musée de Malazgirt ou de la marque « Bohça ». Des luttes mémorielles aux usages de la mémoire dans les musées, en passant par des objets du quotidien, ces différentes approches ont mis en lumière la pluralité des manières de penser le passé et de l’inscrire dans la vie contemporaine. La journée s’est clôturée par les mots d’Elif Can, post-doctorante à l’IFEA, au nom du comité d’organisation.


15 mai 2025
Université Galatasaray, Amphi Aydın Doğan
9h00-9h15 Mots de bienvenue
9h15-9h45 Conférence plénèire de Sümbül KAYA (ENTPE, Université de Lyon, EVS) : La fabrique de la mémoire
9h45-11h00 Enquêter sur les enjeux mémoriels
Discutante : Nazlı Ökten, Université Galatasaray
KARINE RAMONDY, UMR SIRICE, Paris 1 Panthéon-Sorbonne : « Écrire l’histoire de la « guerre du Cameroun » en commission : retours d’expériences »
SIXTINE DEROURE, Cedej, Paris 1 Panthéon-Sorbonne : « Enquêter sur des martyrologies concurrentes dans l’Égypte post-2011 : faire sens des défis méthodologiques »
VERDA KIMYONOK, IRIS, EHESS, IFEA : « Retour sur un terrain du « patrimoine » en contexte minoritaire, entre mémoires, pratiques et distanciation »
NOEMIE SUISSA, LATTS, Université Gustave Eiffel : « Faire la géographie d’un lieu de mémoire : le futur Musée-Mémorial du Terrorisme »
11h15-13h00 Dispositifs mémoriels de l’État
Discutant : Mehmet Tayfur, IFEA, ENSAS
AYSE YILMAZ, Université de Bahçeşehir, Istanbul: « Les spectacles scolaires comme outils contemporains des politiques de mémoire et de transmission du passé »
ANTONIO ATHAYDE SAUANDAJ, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : « L’entreprise mémorielle de Jair Bolsonaro au Brésil (1989-2022) : genèse, opérationnalisation et institutionnalisation »
BIROL CAYMAZ & JEAN-FRANÇOIS POLO, Université Galatasaray : « La mémoire au service du pouvoir : la commémoration et le musée mémorial de 1071 Malazgirt »
ELOI BITRI, Sciences Po Paris : « Comment la procédure d’intégration à l’Union Européenne transforme la construction des politiques mémorielles nationales ? Une enquête sur l’européanisation de la mémoire Albanaise et ses effets sur le rapport à la mémoire nationale »
13h00-14h00 Pause Déjeuner
14h00-15h30 L’individu et la mémoire collective
Discutant : Özgür Bülent Erdoğan, Université Fatih Sultan Mehmet Vakıf (FSMVÜ)
DARIA MALYUTA, CERLIS, Université Paris Cité : « Mémoires croisées : transmission et conflits mémoriels dans les familles mixtes juives en contexte transnational »
MAGALI BOUMAZA, Université Galatasaray : « Quand la petite histoire rencontre la grande histoire : jeux d’échelles dans la fabrique mémorielle des militants frontistes »
ECE NIRUN, CETOBAC, IFEA, EHESS : « Écran comme un lieu de confrontation entre la mémoire et l’Histoire : Fabrique de l’imagerie de l’AKP »
JEAN PIERRE SERNA, CEMS, EHESS, Atelier d'Architecture Philippe Prost, Paris : « Les mémoires au-delà des pratiques mémorielles. La fabrique du projet urbain entre traces du passé et pratiques ordinaires »
ESTHER PEDARROS, CETOBAC, IFEA, EHESS : « Politiques mémorielles, patrimoine artisanal ottoman, et design national turc : enquête sur la marque « Bohça » et les « Instituts de Maturation » à Istanbul »
15h45-17h00 Mobilisations mémorielles et commémorations alternatives
Discutante : Ayşe Toy Par, Université Galatasaray
FIDAH EL KANDILI, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah FLSH-Saïs-Fès : « Mémoire intime et mémoire nationale dans Mourir est un enchantement (2017) : Un regard féminin sur les années de plomb au Maroc »
MAËLLE DIARRA, ISP, Université Paris-Nanterre : « Mobilisations mémorielles et quêtes de justice au sein des associations françaises (1945- 2022) : des revendications de plus en plus individualisées ? »
ELSA PINAR KILAVUZ, Césor & CETOBAC : « Le musée juif d’Istanbul : entre histoire et mémoire d’une minorité »